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Paysage dévasté du Chemin des Dames, à proximité d'Hurtebise (Aisne)
Oulches, près d'Hurtebise. Le doigt et le téton, premières lignes françaises et allemandes -12 septembre 1917
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Hurtebise : la ferme, ses batailles

À l’extrémité Est du plateau du Chemin des Dames, la ferme connue grâce à Napoléon lors de la bataille de Craonne, est un lieu emblématique du Chemin des Dames. Sur ce même lieu s’enchâssent la mémoire  de la Grande Guerre et celle de la bataille de Craonne livrée 100 ans plus tôt par les jeunes recrues portant le nom de l’impératrice Marie Louise.

Un isthme disputé

En 1914, la ferme d’Hurtebise est un lieu stratégique très disputé, celle-ci  permet d’obtenir des vues essentielles sur les vallées de l’Ailette et de l’Aisne. Dès le début de la Guerre, le lieu connait de violents affrontements notamment lors des 6 jours de septembre (13 au 18) durant  lesquels les Zouaves (qui avaient repris la ferme), et le 12e Régiment d’Infanterie résistent aux assauts successifs de l’armée allemande.

RD18 - Chemin des Dames
02160 BOUCONVILLE-VAUCLAIR

Coordonnées GPS :
49°26'28.4"N / 3°44'17.7"E

Lors de ces 6 jours, les propriétaires de la ferme d’Hurtebise, la famille Adam, se réfugient dans la cave refusant de quitter leur ferme. Ils seront rejoints progressivement par les blessés français, tandis que les bâtiments et le bétail sont sous le feu ennemi. Face au danger persistant, les douze occupants de la cave seront évacués vers La vallée Foulon, à quelques centaines de mètres de là.

L’armée allemande  prendra possession d’ « Heurtebise » (Hurtebise) le 22 septembre 1914 lors d’un assaut contre  le 49e Régiment d’Infanterie. Le 49e Ri perdra 304 hommes (81 tués). Entre la fin septembre 1914 et le début de l’année 1915, les assauts des troupes françaises seront incessants vers ce haut lieux stratégique sans réussir à reprendre la Ferme.

Le 25 janvier 1915, l’armée allemande confortera sa position dominante lors de la bataille de la Creute repoussant   les troupes françaises vers la vallée de l’Aisne en contrebas du Plateau de Californie. Ces combats seront particulièrement meurtriers , plus de 2 000 tués (au moins 850 Allemands, 1 000 à 1 500 Français, en comptant les blessés qui n’ont pas survécu à leurs blessures). D’après certaines sources allemandes, on compterait également 1 100 prisonniers français. 

À cette date, la ferme n’est plus qu’un gisement de ruines traversé par les réseaux de tranchées. Après des mois de bombardements, et surtout ceux qui préparent l’offensive Nivelle au printemps 1917, il n’en reste presque rien. La ferme d’Hurtebise retrouvera un rôle stratégique lors des offensives de 1917 et notamment celle lancée par le général Nivelle le 16 avril 1917. La ferme passera d’un camp à l’autre, les armées n’arrivant jamais à stabiliser leur position sur ce terrain très convoité. Le calme  ne reviendra que le 2 novembre avant d’être à nouveau l’enjeu de l’offensive éclair allemande en mai 1918.

La ferme d’Hurtebise sera reconstruite « à l’identique » après la guerre, mais sa position stratégique sera de nouveau mise à l’épreuve lors des combats le 20 mai 1940 lors de la Seconde Guerre mondiale.

Aujourd'hui

On découvre, à proximité de la ferme reconstruite, le Monument des "Marie-Louise" représentant un soldat de la Garde impériale commémorant les jeunes recrues qui ont combattu lors de la bataille de Craonne en 1814 et un poilu commémorant les soldats tombés sur le secteur d’Hurtebise lors de la Grande Guerre cent ans plus tard . Ce monument inauguré le 30 octobre 1927 fût installé à proximité de l’ancien monument complétement détruit lors de la Première Guerre mondiale installé à l’occasion du Centenaire de la bataille de 1814 sur l’isthme d’Hurtebise qui servait de point de repère  lors des combats de 14.

Sources :
La Lettre du Chemin des Dames , N°26, mars  2005 , «  les combats de la Creute , (25-26 janvier 1915) »
La Lettre du Chemin des Dames , N°23, automne  2011
La Lettre du Chemin des Dames , N°29, automne  2013

 

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