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Vue aérienne du chantier de fouilles archéologiques à Presles-et-Boves (Aisne), avril 2017
[Fouille-Presles-et-Boves] Vue aérienne du chantier en fin d'opération, 6 avril 2017

L’abri bétonné du « Moulin de Laffaux », un vestige de la ligne Hindenburg

Circonstances de la découverte

Lors de l’aménagement d’un parking sur l’aire de repos du « Moulin de Laffaux », des éléments d’un abri bétonné ont été découverts par l’entreprise de terrassement. La DREAL de Picardie, maitre d’ouvrage, a informé la DRAC de Picardie de la découverte. Le Conservateur régional de l’Archéologie a notifié une fouille motivée par le fait que l’abri en question fait partie d’un ensemble fortifié plus vaste dont des vestiges avaient fait l’objet d’observations archéologiques en 2002 lors des travaux d’élargissement de la route nationale. Situé sur un point culminant du plateau du Chemin des Dames, le lieu-dit correspond au croisement de la route reliant Laon et Soissons avec des voies départementales et vicinales.

INRAP - Direction régionale Hauts-de-France (départements : Aisne, Nord, Oise, Pas-de-Calais, Somme)
32 avenue de l'Étoile-du-Sud
80440 Glisy

03 22 33 50 30

L’abri bétonné

L’abri était constitué de deux niveaux, l’un enterré, l’autre en élévation. Seule la partie enterrée est conservée (fig. 1). L’élévation a été détruite, sans doute à cause des combats, mais plus encore lors de la remise en culture des terrains du front. Il en reste cependant le niveau de circulation. L’intérieur était rempli de gravats de démolitions provenant du démantèlement partiel de l’abri.  De plan quadrangulaire, il mesure 6,50 mètres de long sur 6,00 m de large. Le sous-sol est composé d’un couloir relié au réseau de tranchées et d’une salle mesurant  4,00 m de long sur 2,40 m de large. Un escalier de sept marches relie le couloir à la salle basse (fig. 2, 3 et 4). Un puisard semble avoir pour fonction de collecter les ruissellements en provenance de l’escalier (fig. 5). Deux puits de communication aménagés dans le plafond permettent de rejoindre la partie en élévation au moyen de barreaux d’échelle en fer scellés dans les parois. Des traces de coffrage en bois sont partout visibles, fournissant ainsi des indices sur les méthodes de construction (fig. 6). Le sol de l’élévation, de plan trapézoïdal, est constitué d’une dalle de ciment (fig. 7). Une gouttière métallique marque la séparation entre deux pièces, chacune d’environ 3 m2.  La paroi ouest de l’abri, faisant face à l’ennemi, est puissamment renforcée par deux rangées de rails et de traverses de chemin de fer, probablement à voie étroite de 60. Cette partie est endommagée par un impact d’obus qui, néanmoins, n’a pas réussi à percer la structure.

Techniques de construction

Grâce aux observations archéologiques ainsi qu’aux photographies de l’époque et aux manuels d’instruction, nous pouvons appréhender les méthodes utilisées pour la construction des abris bétonnés de la Première Guerre mondiale. Une fois l’emplacement de la structure défini et les fondations creusées, un coffrage de planches est monté (fig. 8). La dalle de sol est coulée. Les espaces intérieurs sont mis en réserve toujours au moyen de coffrages en bois. L’armature métallique est composée de fers recourbés et entrecroisés (fig. 9). Une fois le béton coulé et sec, les planches des coffrages sont démontées mais les montants verticaux en bois des espaces intérieurs restent scellés dans les parois. En ce qui concerne celui du « Moulin de Laffaux », on peut observer que la partie enterrée n’a pas bénéficié d’un coffrage extérieur. La nature compacte et homogène du limon a suffi le temps de la construction. L’utilisation de blocs de bétons est attestée dans d’autres régions du front. Les unités de production, nécessairement à l’abri des zones de combat, restent à trouver. Une étude des géologues militaires indique qu’en 1918, le prix de revient d'un abri en béton armé s'élève de 30 000 à 40 000 marks, alors qu'un abri de même capacité et résistance réalisé en galerie de mine ne revient qu'à 2 000 marks.

Responsable d’opération : Guy Flucher
Aménageur : DREAL de Picardie
Nature des vestiges : aménagements militaires

Mémorial virtuel